M. Nadir

Les suspects sont interpellés et la victime qui se trouve à l’hôpital où il reçoit les premiers soins est informée de la bonne nouvelle. Dans sa plainte, il racontera que les occupants de la voiture lui avaient lancé une bouteille de bière vide, l’avaient intercepté et agressé pour lui voler sa moto. Il identifiera même son premier agresseur (celui qui lui a donné un coup de tête et désignera les autres comme étant les autres occupants de la Nissan). Les suspects seront vite inculpés pour association de malfaiteurs et vol qualifié.
A l’audience, pourtant, la victime viendra avec une nouvelle version : ce ne sont pas les accusés qui l’ont forcé à s’arrêter mais bien lui qui s’est mis à la hauteur du véhicule pour reprocher le jet de la bouteille ; il reviendra sur l’identification de son agresseur en expliquant qu’il portait une capuche et, enfin, dira accorder son pardon.
Les accusés, eux, rejetteront les charges qui pèsent sur eux en affirmant qu’il s’agissait d’une simple altercation à propos de la bouteille qui a vite dégénéré : «Quand j’ai vu que mes compagnons avaient paniqué et étaient partis sans m’attendre, j’ai sauté sur la moto laissée par la victime et piloté en direction d’Oran. Arrivé à Mers El Kebir, j’ai buté sur la voiture qui était à l’arrêt et nous avons décidé de faire monter le scooter à l’arrière de la Nissan et d’aller voir la police», a soutenu A. Larbi.
Le revirement partiel de la victime et les dénégations des accusés n’a pas empêché la représentante du ministère public de souligner la gravité des faits qui, a-t-elle dit, auraient pu dégénérer et requis 15 ans de réclusion contre les accusés. Réquisition qui a provoqué l’émoi chez les parents et proche des accusés dont une femme s’est effondrée par terre.
Pour la défense, il n’y a pas lieu de parler d’association de malfaiteurs puisque l’entente préalable n’a pas été prouvée : «C’est un crime par accident. Le motard s’est arrêté pour protester contre le comportement indécent des occupants de la Nissan. La discussion a dégénéré. Rien ne dit que les accusés avaient prémédité l’agression et le vol», ont plaidé les avocats en substance en plaidant l’acquittement. D’autant que la victime étaient revenue sur ses précédentes déclarations et indiqué s’être elle-même arrêtée près des accusés. Après délibérations, le tribunal acquittera les accusés du chef d’accusation de malfaiteurs mais les déclarera coupables de vol qualifié. A. Larbi, celui qui a pris le scooter, écopera de sept ans de prison alors que les autres seront condamnés à cinq ans de prison ferme.